ESSEC Science & Société 2025 : Sport et bien-être pour un avenir sain

Le 13 novembre 2025, le Centre de Recherche de l’ESSEC et le Sports & Specific Talents Center ont organisé, sur le campus de Cergy, la 4ᵉ édition de la conférence annuelle ESSEC Science & Société, un événement destiné à rapprocher la recherche académique du grand public et des acteurs socio-économiques.

L’édition 2025 avait pour thème « Sport et Bien-être pour un Avenir Sain », réunissant experts du monde sportif, professeurs, collaborateurs et étudiants de l’ESSEC, ainsi que des lycéens du territoire afin d’explorer les contributions du sport au bien-être individuel et collectif. Roméo Tédongap, Doyen de la Faculté de l’ESSEC, a lancé la journée en remerciant l’ensemble des intervenants et des participants pour leur engagement.

Moments phares de la conférence :

Amélie Oudéa-Castéra : L’héritage des Jeux – plus vite, plus haut, plus fort 

Amélie Oudéa-Castéra, Présidente du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) et ancienne Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques (2022-2024), a prononcé la keynote d'ouverture de la journée.

Elle y a mis en avant l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques ainsi que les perspectives qu’ils ouvrent pour l’avenir du sport en France. Elle a notamment rappelé que les infrastructures construites pour Paris 2024 — comme la piscine de Seine-Saint-Denis — sont désormais pleinement utilisées par la population, illustrant la volonté d’un héritage tangible et durable.

Mme Oudéa-Castéra a également souligné l’importance de maintenir la dynamique nationale autour de la pratique sportive : malgré un record de 71 % de Français déclarant faire du sport régulièrement, une part importante de la jeunesse reste insuffisamment active. Elle a insisté sur le rôle essentiel que l’activité physique devrait occuper dans nos modes de vie et sur la manière dont Paris 2024 a contribué à faire progresser durablement l’écosystème sportif français.

Table ronde #1 : L’impact des grands événements sportifs sur la société 

À l’issue de son intervention, Amélie Oudéa-Castéra a rejoint Clémence Delavoipière (athlète paralympique en escrime et étudiante du Bachelor HEPTA à l’ESSEC), Romain Lachens (Directeur de l’Engagement, Paris 2024) et Benoît Taillardat (Directeur régional, Sport dans la Ville) pour une table ronde consacrée à l’impact des grands événements sportifs sur la société. Cette session était modérée par Thierry Lardinoit, professeur à l’ESSEC et Directeur du Specific Talents & Sport Center de l’ESSEC)

Ensemble, ils ont montré comment les Jeux dépassent largement la seule dimension sportive. Mme Oudéa-Castéra a rappelé que les Jeux Olympiques et Paralympiques font désormais pleinement partie du patrimoine français, au même titre que certains symboles nationaux, et constituent une source légitime de fierté collective.

Romain Lachens a insisté sur l’importance d’impliquer les publics et les territoires dans la préparation comme dans l’héritage des grands événements sportifs, afin d’ancrer la pratique dans la vie quotidienne des citoyens. Clémence Delavoipière a partagé son expérience d’athlète paralympique, soulignant que Paris 2024 a contribué à renforcer la visibilité du parasport, en mettant l’accent sur la performance sportive avant toute considération liée au handicap. Enfin, Benoît Taillardat a rappelé le rôle du sport comme vecteur d’inclusion et d’égalité des chances, notamment au bénéfice des jeunes issus de quartiers défavorisés, grâce aux actions de terrain menées par son association.

L’ensemble des échanges a mis en évidence la capacité du sport à créer du lien social et à générer un impact positif bien au-delà du terrain de jeu.

Xavier Bigard, Directeur médical de l'Union Cycliste International : De l’activité physique pour la santé. Pourquoi, et pourquoi à tout âge ?

Xavier Bigard a mis en évidence les risques majeurs associés à l’inactivité et au comportement sédentaire, qui constituent aujourd’hui des facteurs déterminants dans le développement des maladies chroniques. Il a rappelé que la sédentarité a des effets particulièrement préoccupants sur la santé publique, avec notamment une baisse continue de l’activité physique chez les enfants et les adolescents, ainsi qu’une hausse de l’absentéisme et des coûts de santé chez les adultes.

Il a souligné que les jeunes générations sont les plus touchées, les études montrant une diminution significative de leur niveau d’activité au cours des dernières décennies.

Pour répondre à ces enjeux, Xavier Bigard a préconisé plusieurs mesures simples et accessibles permettant d’intégrer davantage d’activité physique au quotidien : se lever régulièrement au travail, privilégier les escaliers, opter pour des modes de déplacement actifs et participer à des activités sportives de groupe. Selon lui, ces actions constituent des leviers essentiels pour réduire le risque de maladies chroniques, améliorer la santé globale de la population et renforcer la productivité et le bien-être en milieu professionnel.

Table ronde #2 : Bien-être au travail et lutte contre la sédentarité en entreprise 

Le professeur Thierry Lardinoit a ensuite modéré une seconde table ronde consacrée au bien-être au travail et à la promotion de l’activité physique en entreprise. Celle-ci réunissait Xavier Bigard, Camille Amar (fondatrice et PDG de Manita), Jean-Philippe Gatien (médaillé olympique et Directeur des Sports pour Paris 2024) et Fabien Gilot (médaillé olympique et Co-président du Comité Sport du MEDEF).

Xavier Bigard a rappelé que l’activité physique doit constituer un pilier de la vie de chacun et que les familles jouent un rôle central dans la transmission de cette valeur, y compris à travers des pratiques simples, comme une promenade en nature. Il a également souligné les bénéfices de l’activité physique sur la cognition, la réussite scolaire et la santé globale. Jean-Philippe Gatien a partagé son expérience de l’organisation des Jeux Olympiques, mettant en lumière l’intensité d’un tel environnement professionnel. Cette expérience l’a conduit à repenser son équilibre de vie et finalement à quitter son poste pour se recentrer, illustrant que la réussite professionnelle peut aussi passer par des choix d’équilibre personnel. Fabien Gilot a présenté des résultats d’étude révélant que 80 % des salariés et 82 % des cadres reconnaissent les effets positifs du sport sur leur quotidien professionnel et qu’ils se déclarent prêts à investir davantage dans son intégration au sein des entreprises. Il a toutefois souligné des défis persistants : concilier la pratique sportive avec le temps de travail et mesurer son impact concret sur la performance et le bien-être. Enfin, Camille Amar a insisté sur l’importance d’adapter la pratique sportive à tous les publics — tous âges, tous niveaux et tous environnements professionnels — rappelant que le sport constitue un levier de performance globale, à la fois humaine, sociale et économique.

Un après-midi d’interventions des professeurs de l’ESSEC 

Vincenzo Vinzi, Directeur Général de l’ESSEC, a pris la parole pour lancer la deuxième partie de la conférence. Au cours de l’après-midi, des professeurs de l’ESSEC sont montés sur scène pour partager leurs recherches et leur expertise sur ce que nous pouvons apprendre du sport.

Anastasios Dosis, Professeur associé d’économie : Tout savoir sur la Chaire Sport de l’ESSEC 

Le professeur Dosis, co-titulaire de la Chaire Sport de l’ESSEC aux côtés du professeur Marc Mazodier, a présenté la mission et le positionnement de la Chaire, qui vise à former les futurs leaders du secteur sportif grâce à une compréhension approfondie des dynamiques du sport et de l’évolution de son industrie, notamment l’e-sport et les nouveaux modèles de financement.

Il a rappelé que « la Chaire a pour ambition d’être un laboratoire d’idées pour la gestion du sport, de fédérer une communauté et de produire des recherches de haute qualité ». Chaque année, environ 30 étudiants sont sélectionnés pour rejoindre la Chaire, bénéficiant d’une immersion pratique et de collaborations directes avec des partenaires majeurs tels qu’Allianz, Adidas, la Fédération Française de Basketball, l’INSEP ou encore Paris Basketball. Le professeur Dosis a également souligné l’étendue du réseau de diplômés de la Chaire, dont plusieurs personnalités marquantes du sport français et international, parmi lesquelles Tony Estanguet — président du comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 — et Amélie Oudéa-Castéra. Enfin, il a rappelé que l’ESSEC entretient depuis de nombreuses années un lien fort avec le monde du sport, relation dont la Chaire Sport constitue l’un des piliers stratégiques en connectant les étudiants aux enjeux du business sportif.

Isabelle Solal, Professeure assistante de management : Que peut nous apprendre l’étude du sport sur le travail ? 

En tant que professeure de management, Isabelle Solal étudie les mécanismes du travail et de la performance au sein des organisations. Elle a montré en quoi le sport,  et les athlètes en particulier, constitue une source d’enseignement précieuse pour mieux comprendre le fonctionnement du monde professionnel.

Elle a invité à élargir le regard porté sur les athlètes en les considérant également comme des travailleurs : comme tout professionnel, ils sont soumis à des exigences élevées, évoluent sous pression dans un environnement concurrentiel et travaillent au sein d’équipes. La différence majeure réside toutefois dans la disponibilité de données objectives sur leurs performances, qui permettent de mieux analyser qui s’épanouit au travail, comment construire des équipes performantes et comment optimiser la coopération.Isabelle Solal a ensuite présenté plusieurs résultats issus de la recherche académique fondée sur le sport. Elle a notamment cité une étude démontrant que le travail en équipe réduit les biais et que la diversité au sein des équipes améliore les performances, sur la base d’une analyse menée auprès de clubs de football européens. Ces résultats s’expliquent par le fait que des athlètes issus de parcours et de formations variés stimulent l’expérimentation, l’apprentissage collectif et l’innovation (Glennon et al., 2025, Management Science).

Pour conclure, elle a partagé trois enseignements clés : la réussite collective n’est pas une question de hiérarchie, la performance exige parfois de sortir de sa zone de confort, et les équipes fonctionnent mieux lorsque chacun y trouve sa place.

Steven Seggie, Professeur associé de management : L’intersection croissante entre le sport et la géopolitique, de Sotchi à Qatar en passant par Trump

Le professeur Steven Seggie a présenté la manière dont le sport constitue aujourd’hui un instrument de soft power, mobilisé à des degrés divers par les États et les organisations internationales, qu’il s’agisse de sportswashing ou de diplomatie sportive.

Il a montré que le sport peut également devenir un outil géopolitique, en illustrant son propos par trois exemples marquants.  

Les Jeux Olympiques de Sotchi ont été utilisés pour mettre en scène la puissance post-soviétique et l’image d’une « nouvelle Russie », avant d’être suivis de l’annexion de la Crimée. Cet exemple souligne que le soft power peut masquer, et parfois annoncer, des ambitions de hard power. 

La Coupe du Monde au Qatar a constitué un puissant levier de visibilité et d’attractivité pour un petit État situé dans une région complexe, démontrant que le soft power peut être un outil de survie stratégique.

La Coupe du Monde 2026 et son instrumentalisation par Donald Trump montrent comment le sport peut être utilisé comme un vecteur de clivages internes : bien que l’attribution de l’événement soit antérieure à sa présidence, il l’a mobilisé pour peser sur certaines villes et inquiéter les sponsors, réduisant ainsi la portée unificatrice du soft power sportif.

Le professeur Seggie a conclu que, dans un contexte de rivalité internationale croissante, les méga-événements sportifs continueront d’être des espaces d’influence, de fierté nationale et, parfois, de propagande, reflétant autant les ambitions politiques que les enjeux sociétaux.

Pierre Alquier, Professeur de systèmes d’information, d’analyse de données et d’opérations : Introduction à l’analyse sportive 

Le professeur Pierre Alquier a mis en lumière l’essor considérable de l’analyse de données dans le domaine du sport. Il a rappelé que nous disposons aujourd’hui d’une quantité inédite d’informations provenant de multiples sources — vidéos, résultats officiels, suivi GPS, données de paris sportifs, entre autres — ainsi que d’outils d’analyse de plus en plus performants, tels que le machine learning et l’intelligence artificielle.

L’enjeu devient alors d’exploiter ces données pour optimiser les performances : analyser les stratégies de jeu, identifier les points faibles, personnaliser les entraînements et améliorer la prévention des blessures. Le professeur Alquier a souligné la rapidité des évolutions dans ce domaine, en retraçant ses origines jusqu’à Charles Reep, pionnier qui analysait manuellement les tactiques de football bien avant l’ère numérique. Il a expliqué qu’aujourd’hui, les données permettent d’examiner la distribution spatiale des joueurs et de modéliser leurs déplacements, tout en ouvrant la voie à des modèles prédictifs. Le principal défi reste toutefois la définition de la « similarité » dans le sport : comment comparer des performances produites dans des contextes, des styles de jeu et des environnements différents ?

Les travaux du professeur Alquier portent précisément sur des méthodes alternatives d’analyse des données spatiales, susceptibles d’apporter de nouveaux outils à l’identification des talents, à l’élaboration des stratégies de jeu et au développement de l’entraînement de haut niveau.

Elisa Operti, Professeure de management : Les leçons clés des sports 

La professeure Elisa Operti s’intéresse aux réseaux sociaux et, en particulier, aux dynamiques de rivalité — un angle d’analyse qu’elle applique au monde du sport pour en tirer des enseignements transposables aux organisations. Elle a présenté ses travaux sur le Palio de Sienne, célèbre course équestre italienne caractérisée par des alliances et des rivalités historiques entre quartiers. Ses recherches montrent que les jockeys évitent de rejoindre les équipes de leurs rivaux directs, des alliés des rivaux ou des rivaux d’alliés, ce qui contribue à limiter la violence, tant sur la piste qu’en dehors.

La professeure Operti a souligné que les enseignements issus du sport ne peuvent pas être transposés mécaniquement aux organisations, en raison de différences structurelles :
• dans le sport, les décisions sont principalement tactiques et à court terme, tandis que les entreprises raisonnent sur des stratégies de long terme ;
• l’innovation sportive repose souvent sur des cas exceptionnels, alors que la recherche de cas singuliers peut s’avérer risquée en management ;
• le sport repose sur la logique du « gagnant unique », tandis que les écosystèmes économiques et sociétaux prospèrent grâce à la collaboration entre concurrents.

Elle a également mis en lumière la sous-représentation des femmes dans les données issues du sport — conséquence du moindre accès des femmes aux moyens, aux structures et à la visibilité. Ce biais, selon elle, doit être pris en compte pour garantir une meilleure généralisation des conclusions tirées de l’analyse sportive.

La professeure Operti a conclu en déclarant : « Faisons en sorte que le sport travaille pour nous ! Le sport a un grand potentiel – de belles données, comme l’a montré Pierre, et apprendre du sport, c’est une question de déploiement sélectif dans la recherche et la pédagogie afin que nous puissions rendre la société meilleure à long terme. »

Clôture 

Pour clôturer la journée, Ha Hoang, Doyenne associée de la Recherche à l’ESSEC, a adressé ses remerciements à l’ensemble des participantes et participants pour leur présence et leur engagement, en exprimant une reconnaissance particulière au comité organisateur. Elle a également remercié Gilbert Azoulay, Directeur Général de News Tank Education, d’avoir animé la journée. Elle a salué le rôle du Centre de Recherche de l’ESSEC et d’ESSEC Sport & Specific Talents Center dans la préparation de cette édition, soulignant la manière dont la conférence a mis en lumière la contribution essentielle du sport à nos vies, qu’il s’agisse d’un athlète de haut niveau, d’un collaborateur en entreprise ou d’un étudiant. Ha Hoang a conclu en donnant rendez-vous à l’auditoire pour la 5ᵉ édition de la conférence ESSEC Science & Société, invitant chacun à rester attentif à l’annonce du thème de l’année prochaine.

Partenaires

 

Cet événement a reçu un financement de la part de l’Initiative d’Excellence CY (subvention « Investissement d’Avenir » ANR-16-IDEX-0008). Ce projet a reçu un financement de France 2030.

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