Alors que certains affirment que les arts et la culture de parrainage pourraient retarder la créativité, ce ne est pas nécessairement le casUn épisode récent de la série américaine « Modern Family » a créé la polémique. L’épisode entier est tourné sur et avec des produits Apple : iPhone, iPad, etc. Certains crient au placement produits éhonté ; Apple déclare ne pas avoir payé le moindre centime... Quoi qu’il en soit, est-ce vraiment la question ?
Après tout, le phénomène n’est pas nouveau : de l’Aston Martin de James Bond au fameux « Selfie des Stars » effectué à la demande de Samsung lors des oscars 2014, le placement produit a toujours été la rencontre naturelle de notre économie de marché et de la société médiatique...
En fait, on pourrait même remonter au mécénat. Quand les puissants passaient commandes aux artistes qui les mettaient en scène. De la peinture à la musique, les plus grandes œuvres d’art sont bien souvent des commandes qui n’avaient comme objectif pour leur mécène que de mettre en valeur quelqu’un ou quelque chose... Il n’est pas douteux que – grâce à ce soutien – de grands artistes ont pu exprimer leur talent, et leurs œuvres ont traversé les siècles.
On pourrait même aller plus loin et – à l’instar des membres de l’OuLiPo- affirmer que c’est justement le fait d’avoir dû travailler sous contrainte qui a poussé ces artistes à faire preuve d’une créativité inédite. Pour revenir à l’épisode tourné entièrement grâce à des produits Apple, on peut en effet saluer la créativité dont on fait preuve les auteurs, qui nous ont aussi offert un miroir intéressant sur ce qu’est parfois devenu la relation avec notre famille ou nos amis : par écrans interposés et complètement virtuelle...
Il n’est pas choquant qu’un créatif bénéficie du support d’une entreprise, ni même que celle-ci propose un sujet. Tant que l’auteur peut librement développer son talent, la contrainte est au contraire un facteur de créativité. En fin de compte, il ne faut pas oublier qu’en économie de marché, le « sponsor » a tout intérêt à ce que l’œuvre finale reste intéressante, divertissante, ou pertinente afin de toucher une audience large, ce qui contribuera à porter le message pour lequel il paie...