On ne réagit pas de la même manière face à un succès ou un échec. Comme l’ont montré de nombreuses recherches, on a tendance à s’attribuer ses succès, et à blâmer les autres pour ses échecs. Sans surprise, ce phénomène peut également être observé chez les dirigeants, qui ont tendance à s’auto-féliciter quand leur entreprise se porte bien, mais à nier leur responsabilité quand tout va mal.
Endosser ou non sa responsabilité dans un échec est un problème particulièrement aigu pour les dirigeants d’entreprise. D’un côté, admettre ses échecs signifie perdre en crédibilité. D’un autre côté, blâmer les circonstances extérieures n’aura pas forcément les effets souhaités. Que faire alors ?
Pour répondre à cette question, les chercheurs Fiona Lee, Christopher Peterson and Larissa Tiedens ont analysé les rapports annuels de quatorze entreprises sur plus de vingt ans. Ils ont observé en particulier les « lettres aux actionnaires » des PDG afin de savoir si celui-ci a assumé des ses responsabilités ou a reporté la cause des ennuis financiers sur l’environnement économique ; les chercheurs ont identifié des phrases-clé telles que « un cours du dollar particulièrement faible » ou « un des pires hivers que nous avons connu ».
Étonnamment, les conclusions des chercheurs montrent que les dirigeants devraient combattre ce réflexe premier de se défiler. Au vu des données financières, il est clair que les entreprises dont les dont les dirigeants ont assumé la responsabilité des piètres résultats étaient plus résilientes. En effet, la valeur des actions de ces entreprises a augmenté de 19 % en moyenne, tandis que celles des entreprises dont les dirigeants avaient blâmé les circonstances extérieures n’ont augmenté que de 14 %.
Comment expliquer ce résultat ? Les dirigeants qui assument la contre-performance de leur entreprise envoient un signal au marché. Ils indiquent qu’ils sont conscients de la situation et feront tout pour l’améliorer. Au contraire, les dirigeants qui se défaussent sur l’environnement donnent l’impression de ne rien contrôler et d’être à la merci de facteurs extérieurs. Vu de cette manière, il est facile de comprendre que les investisseurs deviennent frileux et punissent les entreprises qui n’assument pas la responsabilité des piètres résultats.
En définitive, les dirigeants ont intérêt à cesser de se défiler et à assumer la responsabilité des difficultés financières, même quand des facteurs environnementaux entrent en jeu. Si vous rejetez la faute ailleurs, les marchés ne sont pas dupes. Et dans ce cas, les autres actionnaires –dont les employés et les clients- ne seront pas dupes non plus.