Aussi loin que l’on puisse remonter, Ralph Waldo Emerson en 1876 est le premier leader éclairé connu. Dans le dictionnaire d'Oxford, le leadership est défini comme « la pratique qui consiste à développer des nouvelles façons de penser considérables et qui influencent les autres » ; il est considéré comme une force clé en cours. Par conséquent, dans un domaine tel que l'entrepreneuriat, qui repose sur le progrès constant, un leadership éclairé et rigoureux joue un rôle majeur. Pourtant, dans cet article, je soutiens qu'un esprit de réflexion aussi rigoureux fait cruellement défaut dans le domaine de l'entrepreneuriat.
Les leaders d’aujourd’hui donnent matière à réflexion
Quand on pense aux leaders dans le domaine des startups et de l'entrepreneuriat, certains noms nous viennent à l'esprit, tels que Marc Andreessen (cofondateur de Netscape et cofondateur de la société de capital-risque Andreessen Horowitz), Paul Graham fondateur du premier accélérateur de startups Y Combinator), Steve Blank (entrepreneur et gourou de la startup lean), Sam Altman (ancien président et désormais chairman de Y Combinator). Tous ces « leaders » ont beaucoup succès sur les réseaux sociaux, un lectorat important sur leurs blogs respectifs composé de jeunes - et moins jeunes entrepreneurs - et aspirants entrepreneurs qu’ils tiennent en permanence en haleine. Et c'est bien là le problème. En effet, beaucoup de ce qu'ils écrivent et disent sont de mauvais conseils qu’il vaudrait pourtant mieux ignorer.
Par exemple, Sam Altman a écrit un article sur son blog intitulé « Super Successful Companies ». L’article a été lu à ce jour environ 138 000 fois et le gros problème de celui-ci est qu’il décrit une méthodologie utilisée totalement imparfaite. Il a ainsi examiné quelques startups qui ont vraiment bien réussi et à partir de là, extrapolé une liste de ce qui fait la réussite des startups. Seulement, le seul souci est que si vous regardez ce qui réussit… dans n'importe quel domaine et essayez d'extrapoler les comportements appropriés, alors vous ne faites que tomber dans les biais de survie. Par ailleurs, nous ne savons pas si les startups qui ont échoué ont également suivi les mêmes procédures puisque que Sam Altman ne les a pas étudiées; il a seulement observé celles qui ont réussi. Si cela avait été un simple « exercice » ponctuel, nous aurions facilement pu dire « très bien, ce n’est pas grave» mais ce n’est pas le cas. Son message le plus récent va dans le même sens. Il a donné un titre assez prétentieux à cet article : « Comment réussir ». Dans ce document, il parle des leçons tirées de l'observation de « milliers de fondateurs ». Ce message, lu 399 000 fois, est basé sur la même méthodologie erronée qu’auparavant.
Et qu'en est-il de Paul Graham ? Il a publié un article sur son blog à propos des personnes malintentionnées qui échouent toujours. Je n’ai pas de chiffre disponible sur le nombre de lectures de ce billet de blog, mais je suppose qu’il a été lu au moins autant que le message de Sam Altman. Et comment Paul Graham est-il arrivé à cette conclusion ? Voici ce qu’il nous dit : « Et pourtant, même s'il y a clairement beaucoup de gens malintentionnés, il n'y en a presque aucun parmi ceux qui ont réussi. Qu’en conclure ? La mesquinerie et le succès sont-ils inversement corrélés ? »
Il n’est pas nécessaire d’être un génie pour comprendre que Paul Graham n’a pas d’amis méchants qui ont pu réussir et qu’aucune autre extrapolation de cette constatation ne peut être faite. Pourtant, Paul continue à généraliser sur les corrélations entre « être gentil » et réussite. Sans les nommer, je suis sûr que nous pouvons tous penser à au moins une personne qui réussit qui n’est pas particulièrement aimable et à beaucoup d’autres personnes qui échouent et qui sont à l’inverse pourtant très gentilles.
3 mauvaises habitudes, 21 conseils, 5 manières, 10 raisons pour lesquelles… : tout est dans le titre
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la presse économique et les autres médias populaires ne font pas mieux. CNBC a récemment publié un article sur les 3 mauvaises habitudes que Bill Gates, Elon Musk et Mark Cuban ont dû quitter pour connaître le succès. Je suppose qu'il serait peut-être intéressant de savoir que Bill Gates était un procrastinateur, Elon Musk avait l'habitude de consommer beaucoup de caféine, tandis que Mark Cuban hurlait beaucoup contre les gens. Mais bien entendu, il est sous-entendu que si vous, en tant qu’individu, arrêtez de faire ces choses, vous aurez également une bien meilleure chance de réussir. Une nouvelle bienvenue pour tous ceux qui consomment de la caféine, qui hurlent et qui tergiversent. Et aussi une information intéressante pour tous les gens sans succès qui ne consomment pas de caféine, ne tergiversent pas et ne crient jamais
Pour du contenu pertinent
Alors, quelle devrait être la méthodologie ? C'est très simple. Si nous voulons éviter de tirer des conclusions biaisées et commencer à fournir un leadership éclairé rigoureux, il est important de commencer par mener des recherches rigoureuses. Au lieu de regarder les entrepreneurs et les startups qui ont réussi et de compiler ce qu’ils ont en commun, nous devrions commencer par examiner un échantillon de startups et d’entrepreneurs qui ont réussi ou non. Les gens bien ont-ils plus de succès que les gens méchants ? Pour le savoir, nous devrions prendre un échantillon aléatoire de startups, examiner les fondateurs et les évaluer en fonction de leur méchanceté et de leur gentillesse. Alors et seulement alors nous pourrions effectuer des tests pour voir s'il y a une corrélation entre la gentillesse et le succès. Cependant, cela ne nous permettrait toutefois pas d'affirmer que seules les personnes aimables réussissent, car corrélation et causalité ne sont pas la même chose. Malgré tout, nous pourrions tirer quelques conclusions provisoires à cet égard.
Alors, pourquoi est-ce si important ? Eh bien, ces personnes que j'ai mentionnées sont des leaders d'opinion dans le domaine de l'entrepreneuriat et les conseils qu'elles prodiguent ont beaucoup de résonnance. En réalité et dans la pratique, nous ne savons même pas si cela vaut la peine. Si nous voulons vraiment encourager les entrepreneurs et leur donner des conseils sur la manière de réussir, il est fondamental que le leadership éclairé que nous fournissons soit rigoureux, sinon nous jouons avec la vie des gens et donnons de faux espoirs avec une méthodologie médiocre. Et c'est là un véritable problèm