VIDEO: La dette publique expliquée en 3 minutes

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La dette publique, ou dette souveraine, est la dette contractée par un Etat vis-à-vis de prêteurs internes ou externes. Il devient toutefois de plus en plus difficile de mesurer la dette publique de manière effective car il existe deux types de dettes:

  • celle qui résulte d’emprunts couvrant les opérations courantes ; les intérêts payés sur cette dette représentent un coût net.
  • la dette liée à un investissement public ; elle a un rendement plus élevé et représente à terme un bénéfice net positif.

On parle de déficit budgétaire (ou fiscal) lorsque l’Etat dépense en une année davantage que son revenu, de sorte qu'il doit emprunter pour couvrir la différence. Lorsque le budget de l’Etat est en excédent, ce dernier peut rembourser une partie de sa dette.

Mais cette différence est constituée d'un agrégat hétérogène de toutes les dépenses engagées. Pour cette raison, la Commission européenne a publié le 13 Janvier dernier une « Clarification[1] » concernant le type d'investissements dont elle ne tiendra pas compte au moment d'évaluer le déficit d'un pays.

Une perte de contrôle : le cas de la crise grecque

La situation actuelle en Grèce est un exemple classique de dette non-maîtrisée.

Malgré un excédent budgétaire primaire (i.e. avant paiement des intérêts de la dette), la dette publique grecque n’a cessé ces dernières années d'augmenter par rapport au PIB car ce surplus budgétaire a été obtenu par une réduction des dépenses publiques qui a contracté davantage encore le PIB.

Un problème important tient à la différence entre dette à long terme et dette à court terme : pour couvrir les paiements de leur dette à long terme, les gouvernements ont souvent recourt à des prêts renouvelables à court terme qui ont des taux d'intérêt bien plus élevés et augmentent à leur tour la dette publique.

Dans le cas de la Grèce on observe en partie une crise dite « auto-réalisatrice », en ce sens que lorsque les créditeurs pensent que certains prêts à moyen ou long terme ne seront peut-être pas remboursés, ils n’acceptent alors de prêter qu’à court terme et à des taux très élevés. Ce coût accru des intérêts de la dette peut rendre cette dernière insoutenable (quand bien même elle l’aurait été avant que les créditeurs ne s’inquiètent) dans une forme de prophétie auto-réalisatrice.

Même si des agences internationales comme le FMI ou la Commission européenne interviennent pour affirmer (et s’assurer) que les prêts seront effectivement remboursés, il peut être très difficile de peser sur les croyances des autres agents économiques. En économie, c’est  un problème que nous appelons « inertie » : l'impact des interventions est retardé car les agents économiques ne réagissent pas immédiatement aux nouvelles informations. Ils n’ajustent leurs croyances que progressivement et cela réduit d’autant l'efficacité de l'intervention.

Sortir du cycle de crise auto-réalisatrice 

Plusieurs méthodes ont été utilisées dans le passé pour gérer des dettes insoutenables. Quelles mesures pourrait prendre la Grèce?

Et si une partie de la dette de la Grèce était abandonnée ?

C’est ce qui est arrivé par exemple en Allemagne en 1953 via une modification astucieuse du taux de change utilisé pour mesurer la dette. Mais aujourd'hui, certains des Etats européens dont les économies sont plus robustes pensent qu’un exemple doit être fait. Si une exception est accordée à la Grèce, quel message cela envoie-t-il aux autres économies européennes en prise avec leur dette ? C’est la notion d'aléa moral.

Et si la Grèce quittait la zone euro et dévaluait sa monnaie?

Une façon pour un État de réduire une dette libellée dans sa propre monnaie est de dévaluer, de sorte que la valeur des remboursements aux créanciers étrangers est réduite. Dans le cas de la Grèce dont la dette est actuellement libellée en euros, il faudrait pour qu’elle réussisse cette dévaluation que les partenaires européens acceptent auparavant de convertir cette dette en une sorte « d'euros grecs ». Cela revient à leur demander de renoncer à leurs prêts.

L'Europe doit-elle fusionner toutes les dettes souveraines pour obtenir un seul taux d'intérêt?

C’est sans doute une des meilleures options, mais il faudra convaincre les pays qui bénéficient actuellement de taux d'intérêt faibles ou qui présentent des surplus budgétaires. Cependant, l'Europe a intérêt à trouver une solution. Cela signifie que tous doivent être prêts à perdre un peu afin que l’économie grecque ne s’effondre pas pour éviter que tous ne perdent énormément.


[1] http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-3220_fr.htm

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