La mixité dans les Conseils des banques centrales : Quelles perspectives d’évolution ?

La mixité dans les Conseils des banques centrales : Quelles perspectives d’évolution ?

Avec Estefania Santacreu-Vasut

À partir de l’article « Appointments to central bank boards: does gender matter? ». Par Patricia Charlety (ESSEC Business School), Davide Romelli (Trinity College Dublin) et Estefania Santacreu Vasut (ESSEC Business School), publié dans Economics Letters, 2017.

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La représentation des femmes dans les conseils d'administration des entreprises a fait l’objet de nombreuses recherches. En revanche, la composition des conseils de banques centrales a été peu étudiée. En 2012, un groupe d'économistes de renom a signé une lettre ouverte dénonçant l'absence de femmes dans le conseil de la Banque Centrale Européenne (BCE).

Au-delà de la situation particulière de la BCE, que savons-nous de la composition des conseils de banques centrales ? Comment les banques centrales se situent-elles sur le plan de la diversité hommes-femmes? Et quelles sont les perspectives en la matière au cours des prochaines années ?

Pour y répondre, nous avons collecté des données sur Internet Archive afin de suivre l'évolution de la composition des conseils des banques centrales de 26 pays de l'OCDE entre 2003 et 2015. Nous avons rassemblé des informations sur 507 dirigeants des banques centrales et constatons que les femmes sont sous-représentées. Notre analyse révèle également que cette situation ne devrait probablement pas évoluer, ceci pour deux raisons:

Les hommes sont rarement remplacés par des femmes

À taille de conseil inchangée, une meilleure représentation des femmes dans les conseils passe nécessairement par le remplacement des hommes sortants par des femmes. Ce n’est pas le cas aujourd'hui. Une candidate a quatre fois plus de chances d'être nommée au conseil d'administration d'une banque centrale si elle remplace une femme sortante plutôt qu’un homme sortant. En d'autres termes, les femmes remplacent rarement des hommes. En réalité, les nominations de femmes correspondent davantage à des ajouts nets à un conseil plutôt qu’à des remplacements.

La probabilité de nommer une femme diminue avec la proportion de femmes déjà présentes au conseil

En outre, nos résultats montrent que le recrutement de nouvelles femmes au conseil est peu probable quand leur représentation est déjà « élevée ». Donc, soit les banques centrales visent une proportion-cible implicite de femmes au conseil, soit elles font face à des difficultés de recrutement au-delà d'un certain seuil.

A la lumière de nos analyses, si les pratiques de nomination et de remplacement des membres des conseils d'administration restent inchangées, l'amélioration de la diversité dans les conseils des banques centrales restera faible dans les décennies à venir.

En matière de politique, nos résultats suggèrent que l'intervention publique devrait chercher à influencer la dynamique de renouvellement qui est fortement biaisée en défaveur des femmes.

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