Diversité au sein des comités exécutifs: quelles leçons apporte l’économie expérimentale?

Diversité au sein des comités exécutifs: quelles leçons apporte l’économie expérimentale?

Depuis l'article de Karine Lamiraud et Radu Vranceanu "Group gender composition and economic decision-making: Evidence from the Kallystée business game", Journal of Economic Behavior & OrganizationVolume 145, 2018..

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Qu’elles s’effectuent en laboratoire ou sur le terrain, les expérimentations nous permettent d’étudier si les équipes de direction mixtes peuvent atteindre des performances économiques plus élevées que les équipes pêchant par leur manque de diversité. Dans un article à paraitre dans le prochain volume du Journal of Economic Behavior and Organization, Karine Lamiraud (ESSEC) et Radu Vranceanu (ESSEC) s’appuient sur les résultats d’une expérience contrôlée afin de vérifier si la performance économique d’une entreprise dépend de la part d’hommes ou de femmes au sein du comité exécutif.

Les données ont été collectées entre 2012 et 2013 à l’ESSEC, dans le cadre de la simulation d’entreprise Kallystée, développée dans les années 1990 par Daniel Tixier et Raymond Gambini avec le soutien de l’Oréal Paris. Cette simulation reproduit la prise de décision d’un comité exécutif d’une grande entreprise du secteur de la cosmétique haut de gamme, qui exerce son activité dans un environnement de concurrence imparfaite. 

Pour cette recherche, nous avons utilisé un processus de sélection aléatoire pour créer des équipes de direction composées de 5 femmes, ainsi que des équipes composées de 4 femmes, de 3, de 2, d’une seule, et finalement d’aucune femme (respectivement appelées 5W, 4W, 3W, 2W, 1W, 0W).

Notre modèle de régression a pu montrer que les équipes 0W et 4W sont significativement plus performantes que les équipes 5W, s’appuyant sur trois critères de performance : le montant des capitaux propres, le profit et le chiffre d’affaires.

Cependant, en contrôlant par l’aversion au risque de l’équipe, la surperformance des équipes 0W disparait. On comprend alors que l’aversion au risque de l’équipe a un effet de médiation important sur la performance économique. Même en prenant en compte l’aversion au risque de l’équipe, les équipes 4W ont pu maintenir leur avantage de performance.

Cette performance exceptionnelle des équipes 4W semble être due à leur comportement par rapport à la prise de risque effective. Comme nous avons pu le montrer dans la seconde partie de notre étude, les équipes 4W prennent plus de risques que ce que l’aversion moyenne au risque l’aurait indiqué, comme si ces équipes développaient une forme de « biais d’action » qui les pousserait à employer des stratégies plus agressives. Elles lancent de nouveaux produits et investissent massivement dans la R&D, dans un schéma de décision semblable aux équipes composées d’une majorité d’hommes.

Du point de vue de la politique de l’entreprise, nos résultats renforcent l’argument selon lequel il est souhaitable de faire rentrer plus de diversité dans les comités de direction, car un comité mixte permet d’atteindre de meilleurs résultats. Cependant, cela ne se fera pas sans augmenter la prise de risque.

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