Il est des comportements que les consommateurs essaient de limiter, mais avec difficulté. Par exemple, si une personne essaie de limiter sa consommation de sucre et de graisse, elle va finir par manger un tiramisu ou gâteau aux trois chocolats. Des écarts de ce genre entre l’objectif que se fixe un individu et son comportement réel sont des exemples d’échec de la maîtrise de soi. Dans le cas de la consommation de nourriture, les implications sociales et commerciales potentielles pour aider les individus à ne pas perdre la maîtrise d’eux-mêmes sont importantes ; par exemple, selon le National Institute of Health aux États-Unis, deux tiers des Américains sont en surpoids, avec un coût direct associé de 78,5 millions de dollars par an. Cela a créé un marché d’environ 70 millions d’Américains qui essaient de contrôler ce qu’ils mangent, ainsi qu’un secteur du régime qui rapporte environ 60 milliards de dollars.
Cette étude examine si les budgets mentaux, définis comme des permissions auto-accordées pour certains comportements, peuvent contribuer à la maîtrise de soi. Notre hypothèse est que les budgets mentaux améliorer la maîtrise de soi quand les aspects d’évitement du comportement sont marqués et quand le contexte de décision permet de facilement maîtriser son propre comportement. L’étude n°1 conclut que les budgets mentaux aident à réduire la consommation de produits sucrés quand les aspects d’évitement du comportement sont marqués. L’étude n°2 montre que, même quand les aspects d’évitement du comportement sont marqués, les budgets mentaux ne sont efficaces que quand les options ou l’information permettent de contrôler ses choix relatifs au budget. L’étude n°3 conclut que des points de référence externes (caractéristique des études n°1 et 2) joue un rôle capital dans la réduction de la consommation. L’étude n°4 poursuit sur les conclusions des études n°1 et 3 et conclut que les budgets mentaux sont efficaces pour améliorer la maîtrise de soi si l’individu porte une attention soutenue à la prévention.
Budgets mentaux
Les individus essaient différentes techniques pour contrôler leur comportement. L’une d’entre elles, très répandue, est de s’accorder des autorisations spécifiques pour agir de telle ou telle façon –ces autorisations s’appellent des « budgets mentaux ». Il est facile de trouver des exemples concrets d’individus utilisant des budgets mentaux dans l’espoir de contrôler leur comportement ; par exemple, dans le programme WeightWatchers®, chaque aliment reçoit un certain nombre de points et les participants sont encouragés à limiter leur consommation quotidienne totale au niveau d’un nombre de points déterminé. Une de nos connaissances, par exemple, s’autorise deux desserts par semaine. Dans notre étude, notre objectif principal était de savoir si les budgets mentaux peuvent contribuer à la maîtrise de soi.
Améliorer sa volonté
Il y a des raisons de croire que les budgets mentaux influent sur la consommation en général et sur la maîtrise de soi en particulier. Les recherches précédentes suggèrent que les stratégies de maîtrise de soi donnent souvent des buts clairs et une maîtrise facile de son comportement en fonction des objectifs fixés. Un budget mental est comme un point dé référence, un objectif qui induit des attentes et contrôle la manière d’agir en fonction de l’objectif visé. Nous nous sommes basée sur ces conclusions pour formuler l’hypothèse que les budgets mentaux contribuent effectivement à la maîtrise de soi.
Bonbons et gâteaux
Afin d’étudier les effets des budgets mentaux sur la maîtrise de soi, nous avons encouragé certains participants à instaurer des budgets mentaux et examiner si leur schéma de consommation était différent de ceux qui n’avaient pas instauré de budget mental. Le comportement ciblé dans cette expérience portait sur la consommation de bonbons et de gâteaux. Grâce à ces deux groupes (ceux qui avaient un budget et ceux qui n’en avaient pas), nous avons étudié les conditions dans lesquelles le groupe ayant un budget parvenait mieux que l’autre groupe à réduire sa consommation de gâteaux.
Nous avons découvert plusieurs schémas d’après nos données :
- Il ne suffit pas d’avoir simplement un budget mental ; il faut également vouloir activement ne pas consommer de bonbons. En d’autres termes, s’il n’y a pas d’objectif de réduction de la consommation, les budgets ne servent pas à grand-chose.
- Les informations sur le produit doivent correspondre aux unités du budget mental. En d’autres termes, si votre budget compte en calories mais que les informations sur le produit ne mentionnent pas les calories, le budget n’aide pas à diminuer la consommation.
- Enfin, même quand les deux conditions précédentes sont satisfaites, les budgets diminuent la consommation à condition qu’il existe une recommandation explicite en termes de chiffres à propos du maximum de consommation habituel, comme ce que fait WeightWatchers®. En revanche, si la personne porte une attention soutenue à la prévention, c’est-à-dire qu’elle est capable de concentrer son attention pour éviter un mauvais résultat, la recommandation en termes de chiffres n’est pas nécessaire et le budget mental suffit.
Maîtriser sa pensée
Pour ceux qui souhaitent ne plus manger de dessert, notre étude suggère quelques astuces. Tout d’abord, il est important d’avoir un budget mental. En dernier recours, il vous permet de voir jusqu’à quel point vous vous tenez à vos objectifs. Ensuite, assurez-vous que votre budget est pour vous une limite plutôt qu’une autorisation pour votre comportement de consommation. Pour ce faire, il est important de contrôler activement sa consommation. En particulier, si vous êtes confronté à ce plateau rempli de desserts après un grand repas, demandez-vous pourquoi vous ne devriez pas en prendre (pensez aux calories ou à la graisse) au lieu de vous focaliser sur le plaisir que vous pourriez en rapporter. Si vous avez en tête les aspects d’évitement à propos des desserts, dans ce cas votre budget mental sera activé et vous aidera à garder le contrôle.
Pour approfondir :
"Resisting That Triple-Chocolate Cake: Mental Budgets and Self-Control", paru dans Journal of Consumer Research.