Gains et pertes comme facteurs déterminants dans les opportunités d’investissement
La plupart des économistes reconnaîtraient que les gains et les pertes sont des éléments-clés pour décrire une opportunité d’investissement. La perception au préalable des gains et pertes potentiels ne déterminent pas seulement l’attractivité d’une opportunité d’investissement, mais elle est aussi pertinente pour une valorisation relative, qui prenne en compte l’attitude de l’investisseur face au risque.
Deux mesures clés sont à prendre en compte pour le risque de détérioration : la probabilité de subir une perte, c’est la fréquence des pertes, et la taille de la perte moyenne, c’est l’amplitude des pertes. Pensez à la différence entre radio AM et radio FM. Les radios AM marchent par la modulation de l’amplitude du signal, tandis que les radios FM marchent par la modulation de la fréquence du signal. Presque de la même manière les investisseurs averses au risque de détérioration font leurs choix d’investissements. En d’autres termes, ils essaient de moduler l’amplitude et la fréquence de leurs pertes. C’est une question de perdre souvent mais de petits montants, contre perdre beaucoup mais rarement.
Idéalement, les investisseurs recherchent des investissements avec une faible probabilité de faibles pertes, combinée avec une très grande probabilité de gains importants. Mais cela ressemble à un repas gratuit. Dans des marchés financiers performants typiquement, cela n’arriverait pas ! Si nous recherchons des situations dans lesquelles la probabilité de perdre est faible, alors il est raisonnable de supposer que la taille de la perte puisse être grande. Réciproquement, si la probabilité de perdre est grande, alors on peut prudemment supposer que la taille de la perte sera petite. L’aversion au risque de détérioration est ainsi caractérisée par deux types de choix d’investissements : de fortes pertes à faible fréquence et de petites pertes à forte fréquence. Lequel de ces deux types est pertinent pour un investisseur dépend du taux de rendement de référence.
Investisseurs obligataires vs. investisseurs boursiers
Les investissements à pertes énormes mais rares vont généralement de pair avec des gains fréquents mais petits. En d’autres termes, le rendement est constant et la probabilité de perdre est faible, mais si vous perdez, vous perdez beaucoup. La vente d’assurance est un exemple synthétique d’investissements de ce type. Ils attirent les investisseurs qui aiment gagner souvent, comme les investisseurs obligataires qui recherchent un revenu régulier et ne s’attendent pas à faire des gains considérables.
De même, les investissements à pertes fréquentes mais faibles, vont de pair avec des gains importants mais rares. La probabilité de perdre est grande, mais si vous perdez, vous perdez peu. Acheter des tickets de loterie est un exemple synthétique d’investissements de ce type. Ils attirent les investisseurs qui aiment gagner beaucoup, comme les investisseurs boursiers qui recherchent de gros retours sur investissement et ne s’attendent pas à ce que ces retours soient réguliers.
Qu’en dit la recherche ?
Dans la recherche académique, les modèles standards de choix de portefeuille ne prennent pas en compte le risque de détérioration dans les résultats des investissements ; pas plus qu’ils ne considèrent l’aversion des investisseurs au risque de détérioration. Par conséquent, ces configurations échouent à expliquer les faits importants observés dans le secteur de la gestion d’actifs. Le risque de détérioration et l’aversion qui lui est attachée peuvent rationaliser différentes formes d’investissements, comme expliqué par les avancées récentes dans la recherche sur le choix du portefeuille optimal. En même temps, cela explique les recommandations actuelles en portefeuille faites par de célèbres conseillers financiers comme chez Fidelity Investments, Merrill Lynch et le New York Times. Ainsi, ignorer le risque de détérioration et l’aversion de l’investisseur peut avoir un coût important en termes de bien-être.