Il est fort probable que vous ayez déjà entendu parler d’Usain Bolt. Vous êtes peut être même au courant qu’il est le seul sprinteur à avoir gagné à la fois le 100m et le 200m lors de trois JO consécutifs. Vous connaissez aussi sûrement Michael Phelps, le nageur américain qui cumule à lui seul 25 médailles olympiques. Mais avez-vous déjà entendu parler de Trischa Zorn ?
Trischa a gagné 41 médailles d’or, 9 médailles d’argent et 5 médailles de bronze pendant la totalité de son illustre carrière de nageuse. Mais son nom ne vous dit sûrement pas grand-chose : elle concourait dans les Jeux Paralympiques. C’est d’ailleurs la paralympienne la plus médaillée de tous les temps! Et pourtant, son histoire n’a jamais connu le battage médiatique offert à ceux qui concourent dans le « main event », les JO.
Aux derniers Jeux de Rio, la chaîne de télé NBC qui détenait les droits de diffusion pour tous les Etats-Unis a diffusé 6755 heures d’épreuves olympiques, contre seulement 66 heures d’épreuves paralympiques. Les Chinois avaient le droit à une petite heure de diffusion de ces épreuves, tandis qu’en Inde, il était complètement impossible de les regarder, les diffuseurs ayant fait l’impasse sur l’achat des droits.
En France, France Télévisions a diffusé une centaine d’heures d’épreuves paralympiques, contre environ 700 heures pour les JO. Si on compare aux exemples plus hauts, on peut se dire que ce n’est déjà pas trop mal. Il faut dire que France Télévisions s’est plié aux attentes du public qui avait manifesté son mécontentement lors de la couverture des Jeux paralympiques de Londres en 2012. En effet, seules les cérémonies d’ouverture et de clôture avaient été diffusées, pas une seule épreuve! C’est d’autant plus frustrant que les organisateurs des Jeux paralympiques de Londres avaient vendu 2,72 millions de tickets, ce qui en a fait le troisième plus grand événement sportif du monde, derrière les JO et la Coupe du monde de la FIFA.
Paris gardera-t-elle pour autant cet esprit pionnier lors de la tenue des JO en 2024?
Les Jeux olympiques de 2024 marqueront le centenaire de la dernière fois où s’est tenu cet événement à Paris. On espère que cela marquera aussi un changement drastique dans la façon dont sont traités les Jeux paralympiques et leurs athlètes, en France comme à l’étranger. Paris a ici l’opportunité fantastique de pouvoir être leader sur ce sujet.
Pour les Paralympiens, cela va beaucoup plus loin que simplement connaître la gloire et être reconnus dans la rue. La visibilité accrue des athlètes encourage indéniablement l’accès aux sponsors, aux financements et donc à de meilleures infrastructures sportives et conditions d'entraînement.
Cela crée aussi un cercle vertueux, dans lequel les jeunes athlètes pourront s’identifier à des modèles inspirants, comme Abdellatif Baka, un paralympien algérien qui a réussi en 2016 à s’imposer au 1500m avec un meilleur temps que Matthew Centrowitz, champion olympique “valide” de cette discipline en 2012. Mieux : les quatre premiers de la finale paralympienne avaient réalisé un meilleur temps que Centrowitz!
Le plus important, c’est que cela encourage le public à se concentrer sur les capacités plutôt que sur les incapacités, et donc participe au processus plus large d’intégration des personnes handicapées au sein de la société.