Euro 2016, La Politique Xénophobe au Cœur d’un Evènement Multiculturel

Euro 2016, La Politique Xénophobe au Cœur d’un Evènement Multiculturel

L’Euro 2016 a été marqué par une série de débats xénophobes et d’incidents violents entre des hooligans et les (soi-disant) supporters de nombreuses équipes nationales participantes. Déjà pendant la préparation de l’événement, les équipes, les joueurs et les entraineurs ont été à de nombreuses reprises impliqués dans des histoires de discrimination et de xénophobie.

En France, Karim Benzema, le joueur du Real Madrid et ancien titulaire de l’équipe de France, a déclaré que le sélectionneur de l’équipe nationale, Didier Deschamps, ne l’avait pas retenu pour l’Euro, car il aurait subi les pressions de l’extrême droite au regard des origines algériennes du joueur. Un autre ancien international français, Eric Cantona, a lui-aussi avancé les mêmes arguments contre le sélectionneur, considérant que l’absence de Benzema et d’Hatem Ben Arfa de la sélection pour l’Euro était exclusivement dû à leurs origines nord-africaines. Deux jours plus tard, la maison de Didier Deschamps était vandalisée, taguée avec des messages le traitant de « raciste ».

En Allemagne, Alexander Gauland, le Vice-Président du parti d’extrême droite AfD, a expliqué dans un entretien que la « Manschaft » n’était plus proprement une équipe allemande dans le sens classique du terme. Son argument reposait principalement sur le fait que beaucoup de joueurs de l’équipe ont des origines tunisiennes, albanaises, turques, polonaises, sénégalaises ou encore sierra-léonaises. Dans un autre entretien, Alexander Gauland a déclaré que les Allemands ne voulaient pas « d’un Boateng comme voisin » - alors que le joueur Jérôme Boateng est né à Berlin et y a grandi, élevé par son père né au Ghana. D’autres membres de l’AfD, y compris Frauke Petry, le Président du parti, ont critiqué Mesut Özil, joueur emblématique de la Manschaft, pour avoir eu un comportement antipatriotique en publiant sur Facebook des photos de son pèlerinage à la Mecque.

Ce qui devrait être une compétition sportive, avec les valeurs d’esprit sportif et de respect qu’elle implique, est ombragée par le populisme et la xénophobie. Par ailleurs, si Karim Benzema et Eric Cantona avaient pris le temps de s’intéresser un peu plus à la sélection de l’équipe de France pour l’Euro 2016, ils auraient pu constater que presque la moitié des joueurs ont des origines africaines, caribéennes, ou océano-indiennes. Benzema aurait en revanche pu reprocher à Didier Deschamps de ne pas l’avoir sélectionné sur fondement de son implication dans une affaire de sextape, actuellement en cours d’instruction, et donc d’avoir bafoué sa présomption d’innocence. Cet argument aurait été mieux fondé et sûrement plus constructif. 

Les arguments xénophobes ont toujours été des outils politiques très populaires, utiles pour brouiller les faits et polariser les positions individuelles et les débats sociétaux sur des sujets annexes. Donald Trump a pu faire l’usage de ces techniques à de nombreuses reprises. Dans un contexte de rassemblement sportif international comme l’Euro, cet outil est d’autant plus dommageable et déboussolant. Il éclipse une partie de la joie, du bonheur et de la camaraderie propres à ces événements, raisons initiales pour lesquelles les supporters remplissent les stades pour porter haut et fort les couleurs de leur équipe.

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