Détruire pour créer. C’est ainsi que l’on peut grossièrement définir la notion de « destruction créatrice » que l’économiste Joseph Schumpeter développe dans Capitalisme, Socialisme et Démocratie en 1942. Ce modèle permet de rendre compte des grandes révolutions humaines de la façon suivante : lorsqu’un secteur économique est amené à disparaître, c’est pour laisser place à de nouvelles activités. C’est ainsi que doit être compris le processus d’innovation, comme création de valeur (nouvelle offre, nouvelle manière de faire) par destruction, à l’instar du mail remplaçant le courrier ou des librairies physiques remplacées par celles en ligne.
Pour la première fois formulée par l’économiste Werner Sombart, il est possible de remonter cette notion au philosophe allemand Nietzsche, en particulier autour de son concept de Volonté de Puissance. L'innovateur se fait surhomme par sa motivation à s’élever de la masse, à changer les règles. Il brise pour créer, pour se créer. Voilà ce qui le caractérise, qu’il s’appelle Bill Gates ou Mark Zuckerberg, Edouard Michelin ou Xavier Niel pour les Français.
C’est en comprenant les mécanismes économiques, managériaux et philosophiques à l’œuvre dans le processus d’innovation, que l’on sera à même de révéler les structures ontologiques des innovateurs. On peut ainsi s’interroger sur ses propres capacités à innover, sur les moteurs de cette même innovation ou bien ce ne serait que sur la manière de les repérer.