L'iPhone 5 : Apple perd-t-il son avantage?

L'iPhone 5 : Apple perd-t-il son avantage?

Les réactions suite au lancement de l'iPhone 5 sont mitigées : alors que l'appareil est au summum en termes de design, de ses composants et de la force de l'écosystème d'Apple, certains ont vite fait de remarquer l'aspect routinier croissant des annonces des innovations d'Apple.

Il est clair que l'iPhone 5 est une innovation incrémentale typique. Certes, il est plus léger et a un écran plus grand. Mais ce nouveau lancement relevait plus de l'obligation d'Apple de lancer un nouvel iPhone à cette époque de l'année que d'une réelle innovation.

Les ventes seront parlantes à cet égard, puisque les acquéreurs de l'iPhone 5 seront plus susceptibles d'être des individus qui souhaitent mettre à niveau une version antérieure, que des individus qui achètent et pénètrent dans l'écosystème d'Apple pour la première fois.

Alors que beaucoup d'entreprises s'engagent dans la même voie - design plus léger, écrans plus grands - les fonctionnalités offertes relèvent d'un choix stratégique pour les acteurs clés du domaine des Smartphone. Pour Sony, Samsung et LG par exemple, ce n'est pas tant une question de capacité à faire, sinon de savoir comment ils prétendent se positionner sur le marché choisi. De plus, que tous fabriquent leur Smartphones en métal et verre comme l'iPhone, en ciblant tous le même marché haut de gamme, ne serait en rien une solution viable.

Considérant les similitudes entre ces produits, on pourrait même se demander : existe-t-il encore des innovations en puissance dans l'industrie des Smartphone ? Au-delà des changements dans le design, y a-t-il encore quelque chose de réellement neuf à explorer ?

Les conséquences de la grande omission d'Apple : la communication en champ proche, ou NFC

La technologie NFC est une des stratégies de différentiation employées par les concurrents d'Apple. Alors que cette technologie n'est en rien novatrice - la NFC et les RFID sont la technologie employée pour les antivols dans des boutiques depuis vingt ans - l'usage qui en est fait, appliqué à la téléphonie mobile, est innovant.

La NFC permettra aux Smartphones de communiquer avec des objets environnants via des interactions avec le monde réel. C'est plus qu'un simple partage de données entre appareils, tels que des documents ou des photos. Cela permettra aux Smartphones de stocker n'importe quelle information contenue sur une puce électronique, depuis les cartes de crédit jusqu'aux cartes de métro. Il ne serait donc plus nécessaire d'avoir ces cartes sur soi, tout sera stocké dans le téléphone.

C'est tout naturellement donc que quelques experts avaient prédit que l'iPhone 5 inclurait des capacités NFC qui rejoindraient les fonctionnalités "EasyPay" déjà existantes, permettant ainsi aux clients des Apple Store de payer des produits en utilisant leur compte iTunes. L'inclusion de la technologie NFC aurait pu rendre le lancement de l'iPhone 5 réellement excitant. On aurait pu attendre d'Apple qu'il annonce un partenariat avec des entreprises internationales acceptant le paiement par iPhone. Mais ça n'a pas été le cas.

L'avantage d'Apple découlant de son facteur "hype" est surtout basé sur l'expérience du client : Apple promet toujours à ses utilisateurs la meilleure expérience possible. Et il faut en convenir, l'expérience NFC n'aurait pas été complète et optimale sans une longue liste de partenaires internationaux acceptant les paiements iPhone. Apple ne voulait pas que leurs clients disent "Très bien, j'ai l'option de payer avec mon portable, mais où est-ce que je peux l'utiliser ?"

De plus, est-il vraiment nécessaire d'offrir le paiement mobile dans les magasins ? Qui, ayant un téléphone portable sur lui, n'aurait pas aussi un portefeuille ? D'une certaine façon, la NFC est une solution qui cherche encore son problème. Mais en laissant la NFC être développée par ses concurrents, Apple n'est-il pas, à long terme, en train de se tirer une balle dans le pied?

Le business model d'Apple : une entrave dans la future course du secteur de la téléphonie mobile ?

Alors qu'Apple écarte le développement de la technologie NFC, ses concurrents, eux, cherchent à la développer. L'application Google Wallet disponible sur Android permet déjà aux utilisateurs de stocker leurs principales cartes de crédit, de débit et de fidélité pour une utilisation sur ordinateur ou sur téléphone. Le développement de la NFC est déjà poussé par Android et tous les téléphones milieu et haut de gammes lancés récemment en sont équipés. Dans des marchés tels que la Corée du Sud, tous les smartphones Samsung sont équipés de la technologie NFC avec un portefeuille mobile préinstallé.

Si cette technologie n'est pas facile à utiliser partout, c'est un problème auquel il est facile de remédier. Par exemple, un article récemment publié par Wired narre l'expérience de quelqu'un qui essaie de vivre un mois à San Francisco avec comme seul mode de paiement un Samsung Galaxy Nexus, en utilisant Google Wallet, Paypal et d'autres moyens de paiement électroniques et mobiles. Il va sans dire que ce n'est pas une entreprise aisée pour l'instant ; cela étant, il y a plus de 200 000 points de vente qui les acceptent déjà aux États Unis et ce nombre n'ira qu'en augmentant.

Quand il est question de convaincre des entreprises d'accepter les paiements mobile, Google à un avantage. Google peut en effet utiliser les données à sa portée comme levier pour créer des bénéfices supplémentaires pour les entreprises qui acceptent cette technologie. Google Wallet ne prend pas de commission car le paiement en lui-même intéresse moins Google que les services associés - coupons et publicité sur mesure. Une fois qu'ils connaissent votre budget et où vous acheter, ils peuvent offrir à des entreprises des solutions de marketing ciblées. Si un client passe devant une boutique membre de Google Wallet, il pourrait recevoir une alerte directement sur son portable l'informant des dernières promotions de la boutique en question. C'est là en effet que réside le but ultime de cette technologie.

Le problème avec Apple est que tout le monde redoute d'être taxé d'une commission de 30 % pour la moindre action une fois entré dans son écosystème. Cela donne aux producteurs de contenu une marge de profits très faible. De plus, si on accepte de payer ces 30% dans le contexte d'un mécanisme de paiement mobile, cela ne rapporte pas vraiment de nouveaux clients. Apple devra procéder avec une certaine prudence et faire preuve d'ingéniosité pour devenir réellement attrayant pour les entreprises.

Le facteur hype d'Apple : courir à sa perte ?

Le facteur "hype" de l'écosystème d'Apple - l'intégration entre hardware, applications et appareils - est vital pour le succès de l'entreprise. Si le public commence à considérer les produits Apple moins attrayants, il arrêtera d'acheter ses produits, l'entreprise perdra des parts de marché et les producteurs de contenu se tourneront vers d'autres écosystèmes.

De nos jours, tout tourne autour de la concurrence entre les écosystèmes - on est "Google" ou "Apple", et on achète son téléphone en fonction de cela.

Alors qu'Apple bénéficie d'une part de marché relativement importante aux États-Unis - environ un tiers du marché - ce n'est pas le cas ailleurs. En Corée, par exemple, Android devance Apple, et a globalement la mainmise sur le marché.

La force principale de l'écosystème d'Apple réside dans la possibilité pour les utilisateurs de partager les données entre différents appareils dans ce même écosystème. Mais Samsung se positionne en réel concurrent : il est maintenant possible de partager des données entre Samsung Galaxy Tab et autres smartphones, de la même façon qu'entre l'iPhone et l'iPad chez Apple. 

Le lancement de l'iPhone 5 a généré un buzz, mais c'est une réaction qui, au fil des ans, est devenue plutôt standard. Mais si Apple continue d'annoncer des innovations incrémentales, le buzz sera de moins en moins systématique. De plus, l'annonce du lancement s'est quelque peu essoufflée, puisque Tim Cook est loin d'être Steve Jobs [...] j'ai l'impression que la magie s'est en quelque sorte perdue.

Cette bataille prendra-t-elle la même tournure que la bataille entre Microsoft Windows et Apple Mac OS ? Combien de temps reste-t-il à Apple avant de commencer à perdre des parts de marché alors que ses appareils iOS deviennent moins attrayants ? 

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